Senteur des îles
Existe-t-il au Vietnam un juste milieu entre les voyages éprouvants en autobus, les karaokés tonitruants sur promenades bétonnées et les resorts 5 étoiles au kitch international ? J’avais presque renoncé à l’idée de passer des vacances agréables (entendez : stimulante et reposante) sous ces latitudes.
Alors quel soulagement que ces 4 jours passés sur l’Ile de la Baleine (Hon Ong, baie de Van Phong, province de Khanh Hoa, lien), au Nord de Nha Trang.
Pourtant la perspective de séjourner dans les environs de Nha Trang ne m’enchantait pas à prime abord et Elsa a dû déployer toute sa force de persuasion pour m’y entraîner, effrayé par la perspective de ce que les guides touristiques annoncent comme « la Nice vietnamienne ».
Mais l’Ile en question se situe à 2 heures de route de la fameuse cité balnéaire, au creux de la baie de Van Phong. On n’échappe forcément pas aux bungalow et cocotiers plantés sur une plage turquoise. Mais au-delà les jardins soignés du resort, on découvre une garrigue composée de mille variétés de buissons épineux et aromatiques, qui s’étale, compacte, sur trois collines surmontées de beaux blocs de granite ronds.
Ça sent le Sud comme dans les Cévennes et d’un coup, le poids du soleil se fait moins oppressant.
Les plage de l’île sont calmes et poissonneuses – gare aux oursins et aux venimeux poissons pierre – et surtout exemptes de déchets ramenés par la mer, mais pas de miracle c’est grâce au nettoyage quotidien des gérants du lieu. Masques et tubas suffisent pour découvrir une multitude de poissons et de coraux, Rose a d’ailleurs passé son séjour la tête dans l’eau.
Seuls les pétarades style ‘échappement ouvert’ des bateaux de pêches qui sillonnent la baie de jour comme de nuit vous rappellent que vous êtes au Vietnam, on voit au loin les élevages flottants, mais ce sont les ingrédients nécessaires pour garder les pieds sur terre.
Le patron du lieu a lui aussi les pieds sur terre et vous parle de ses efforts pour intégrer son resort dans l’environnement et l’économie locale. Il connait bien la faune et la flore de l’île, mais a surtout entrepris de replanter du corail sur certains sites et à protéger de la pêche deux baies de l’île par des bouées (cf Article suivant).
Mais un pli de désespoir barre son front en évoquant l’avenir de son bijoux, car un projet pharaonique a débuté à quelques encablures de l’île : la construction d’un port pour porte containers destiné à concurrencer Singapour, le modèle du Vietnam en terme de développement. La baie de Van Phong ne restera finalement pas un espace privilégié sur la côte Vietnamienne.