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La France a peur ! Elle redoute pour sa sécurité, n’a pas confiance en l’avenir, craint pour son économie. Cette peur est cultivée par les politiques et les médias, les uns appuyés sur l’opportunisme des autres. La peur des autres surtout, est soigneusement attisée par un gouvernement prêt à tout pour focaliser l’attention sur lui-même à l’approche des échéances électorales.
La quête de sécurité est une des raisons même de la fondation des communautés sociales. Brandir la sécurité comme problème national majeur offre une justification quasi implicite, mais tellement facile, à toute sorte de politiques.
Quelle est la réalité de ce phénomène ? Cette peur et ce pessimisme ne serait-il pas de pures créations des médias ? Les journaux, la radio et la télé rebondissent sans réflexion sur les effets d’annonce des hommes politiques, trop heureux de maitriser aussi facilement l’opinion publique. La peur est un sentiment irrationnel, c’est le sentiment qui s’oppose le plus aux dogmes de la vie moderne : confort, maitrise de son environnement, sécurité, santé, chez-soi, individualité… La peur se nourrit de l’ignorance des gens et de leur manque de courage. En évoquant la peur, on déresponsabilise les gens, on leur fait miroiter que la société a une réponse confortable à tout.
Ces dernières semaines en écoutant les argumentaires des uns et des autres au sujet des expulsions d’étrangers irréguliers, nous avons eu le désagréable sentiment de comprendre ce qui c’était passé pendant la guerre lors de la traite des minorités*. Un besoin de se cacher derrière une politique sécurisante qui présente des plans simplistes pour arranger la société et masquer sa défaite face aux vrais problèmes de la société. Des argumentaires qui défient le bon sens, bafouent les droits fondamentaux, mais qu’il est si confortable d’évoquer en détournant le regard. Le droits des étrangers, de lois internationales et européennes, les principes humanitaires, sans même évoquer l’aide aux personnes en difficulté, tous ces grands concepts sont balayés du revers de la main par l’homme politique qui se contente ‘d’appliquer une loi’.
Forcément, les opposants à la politique de la peur n’ont pas de solution aussi visible et populaire que celle implémentée actuellement. Le courage individuel, l’affrontement des problèmes dans toutes leurs dimensions, la solidarité, ne sont plus à l’ordre du jour.
*j’avais écrit cet article début septembre. Entre temps, Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne, s’est prononcée sur cette « situation dont [elle pensait] que l’Europe ne serait pas témoin après la seconde guerre mondiale »… Et les politiques français de s’offusquer en coeur du « dérapage » de sa communication ! On croit rêver.