France 80
C’est la couverture du livre qui a attiré mon regard dans un premier temps : les couleurs saturées du Polaroid et le cadrage incertain d’une photo de famille. J’y ai instantanément reconnu les maisons de lotissement style Sud Loire qui mitent le 44. Confirmation dans la jaquette : c’est une photo prise à Rezé. La Renault 9 garée sur l’allée de garage fait écho au titre du livre, c’est d’ailleurs la même voiture et la même descente de garage que rue des Bleuets, à 1000 kilomètres et à 20 ans de là. Je lis la première page et je me décide à acheter le livre en acceptant le risque que son contenu n’aille pas au-delà de l’énumération du mode consumériste des années 80.
Cette énumération caractérise effectivement le premier quart de l’ouvrage; du Banga à la Fuego en passant par le Top 50, le décor est planté, plus efficacement encore qu’une visite dans le grenier poussiéreux encombré de cartons de cette époque. Heureusement, l’auteure se concentre sur ses personnages et leurs situations. Claire, l’adolescente boudeuse du coin de la photo, pas à l’aise avec ses grosses fesses, ses questionnements et ses certitudes, se construit en marge et certainement au-delà du récit, en regardant ses copains vivre sans comprendre la recette. Patrick, VRP pas très net, sillonne de son côté la France pour placer des décodeurs Canal+ et accessoirement séduire la cliente.
Les vacances chez mémé Le Coz sentent le moisi, les rencontres sont souvent vides de sens et glauques. La scolarité n’est pas linéaire et la réussite ne se résume pas au bulletin. De toute façon, on pourra toujours faire une carrière sûre aux PTT.
France 80 Gaëlle Bantegnie Gallimard