Bruit
Une première semaine passée à Saigon, qui se termine mal. L’avion ne fini pas d’être retardé depuis ce matin. Il devait partir à 7h ce soir, il est 10h45 et je suis toujours à Saigon. C’est dingue ce que les viets sont capable de recréer l’ambiance « festive » de la rue… Une télé à fond dans un coin de la salle d’attente distille du hip-hop de boys bande… Deux gamines sur ma droite ont sorti leur portable et ont aussi poussé le volume à fond, avec une musique parfaitement à contre temps. Tout à leur en arrivant à l’aéroport, alors que je me demandais encore de combien je m’étais fais entuber par le taxi (c’est une véritable tradition dans ce pays), je me rends compte que j’ai laissé mon passeport à l’hôtel ! J’étais quitte pour faire un aller retour pour le récupérer, bravo les économies.
Première semaine mitigée : comme d’habitude en arrivant à un nouveau job, il faut faire ses marques : avec les collègues, les collaborateurs, le chef… L’hôtel est relativement glauque par son emplacement : entre deux grosses avenues qui se rejoignent en un gros carrefour cent mètres plus loin. Le bruit de circulation est incessant. Les avions passent pile au dessus de l’hôtel, il doivent avoir quelques dizaines de mètres d’altitude à tout casser lorsqu’ils le survolent. Le climat est moins étouffant qu’en juin, le fond de l’air est même un peu frais le matin. Mais les pluies sont toujours aussi violents : des trombes se déversent tous les jours; ce soir la rue était recouverte d’eau dans toute sa largeur, mais par chance j’ai échappé à l’averse. Je commence doucement à dompter quelques trajets en ville. Je crois que je ne me suis pas perdu cette semaine !
L’arrivée à l’hôtel est spectaculaire : L’avenue Công Hòa est une 4 voie au terre plein central fermé comme ils les font à Saigon. En arrivant de la ville on est du mauvais côté, il faut traverser, avec la prudence de mise, la première série de voies et grimper sur le muret de séparation pour évaluer la deuxième traversée. L’accès à l’hôtel se fait par un grand hall carrelé, vide sur une bonne dizaine de mètre : c’est le garage pour les voitures et les minibus pour la nuit. La réception se résume à un comptoir. Tout est ultra propre, l’ascenseur en inox est ultra brillant, le carrelage est nettoyé après chaque passage. Contraste marquant avec la crasse de la rue. Mais les doubles vitrages ont du mal à résister au terrible grondement des avenues Công Hòa et Truong Chinh. Une illustration parfaite de l’expression « bruit incessant ». À tel point que si je me réveil la nuit ou au petit matin, je ne peux absolument pas me fier au bruit (terrible contraste avec Nantes), je suis complètement désorienté.
Au delà du terrible carrefour s’étale une mosaïque de zones franches et de quartiers d’habitation, lacérés par de grosses avenues poussiéreuses. Pour rejoindre mon travail, je peux soit foncer sur l’autoroute, et me mesurer au poids lourds furieux avec ma frêle mobylette. Soit je peux bifurquer à un moment sur la droite et parcourir dans toute sa longueur une de ces rues hybrides, qui allient sans complexe commerces de fortune, gargotes crasseuses, atelier mécaniques d’où surgissent de belles gerbes d’étincelles.. C’est cette même rue qui était ce soir partiellement immergée.
En tournant à gauche on rejoint le réseau routier moderne, un échangeur aux règles improbables surplombe l’autoroute, sur le pont il y a toujours une dizaine de gars qui contemplent la circulation, assis de biais sur leur vieilles Honda mille fois rafistolées…