Vol du retour
Je laisse Rose avec Hoa ce matin. J’ai passé trois jours entiers avec elle, seul. Ça faisait longtemps. On s’est un peu observés durant ces trois jours. Elle cherchais les limites, étudiait comment son papa allait réagir à ses caprices. Nous avons aussi passé des moments très tendres et rigolos. J’ai réussi à l’amener à la danse à temps dimanche, en nous préparant bien à l’avance. J’étais persuadé d’arriver bien trop tôt, mais c’est juste à l’heure que Rose s’est présentée devant la salle de danse. La voilà affublée d’un nouveau costume de danse rose, elle en est toute fière.
Ces cours sont un peu rudes : la prof semble carrément antipathique et ne ménage pas sa quarantaine d’élèves. Mais Rose ne semble pas trop s’en soucier. À chaque fois en la récupérant du cours je lui demande si ce n’était pas trop dure, elle répond franchement que c’est difficile mais ne semble pas y attacher trop d’importance. Le plus grand moment du cours de dans c’est peut-être la saucisse chaude piquée sur un bâton que je lui achète à la pause et le petit paquet de bonbons à la sortie. Quelle histoire ces bonbons. De retour à la maison elle est directement allée les cacher sous son oreiller !
Après une petite estimation, je me rends compte que mon régime HanoiSaigon n’est pas viable : entre les frais de transport, d’hébergement, et les frais liés à l’appartement en France, je ne vais pas m’en sortir. En fait il me resterait quelques milliers de dongs pour manger sur le mois. Et dans cette hypothèse je ne compte pas de location ou d’achat de moto. Il faut que Elsa comprenne qu’elle doit aussi supporter l’appartement. La situation de l’an dernier était idéale, car mon salaire épongeait une grande partie des dépenses engendrées par l’appartement. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.
L’avion est encore en retard. Je me demande si cette compagnie est fiable, je ne peux pas passer ma vie dans les aéroport tout de même. Je me demande ce que je fabrique dans la vie. J’aspire à la simplicité et je me retrouve à faire l’imbécile dans un pays, certes charmant, mais tellement éloigné de ce que je cherche. Bien entendu j’aime me mettre dans des situations difficiles. Le confort m’étouffe, l’immobilisme me fait flipper. Mais regardez dans quel mic-mac je me suis foutu : salaire à peine suffisant, payé en retard et toujours sur ma requête… L’appel pour mon vol !
12h30 au bureau à Saigon, en partant à 7h15 de la maison à Hanoï