Visite en demi-teinte
Beaucoup de parents et d’élèves se sont rendus aux portes ouvertes du nouveau lycée français de Ho Chi Minh ville, hier. L’occasion pour tous de visiter le nouvel établissement, mais aussi d’évaluer les multiples défauts qui entachent ce coûteux projet.
Côté visite officielle, on parcourt un ensemble scolaire qui semble bien conçu, adapté aux conditions climatiques de la région (coursives abritées, persiennes en bois, patios et jardins, climatisation intégrée) qui propose en outre de grands espaces dédiés aux sports, aux livres et aux spectacles. Les parents comme les gamins ont pris plaisir à parcourir les lieux.
Le festival off était animé par l’association des parents d’élèves, dont les membres actifs n’ont pas hésité à attirer les visiteurs en dehors de l’enceinte de l’établissement (certains parents résistaient: pourquoi visiter un tas de poubelles fumant ?) pour leur rappeler l’environnement direct du projet: un no men’s land digne de toute périphérie de mégapole en développement, constitué de décharges sauvages, d’un lieu d’exécution à proximité immédiate (un poteau et des liens) et entouré d’industries ultra polluantes. Ces décharges sauvages entourent tous les espaces libres de la ville, elles sont constituées de déchets industriels ‘récupérés’ et brûlés pour en extraire les métaux et dégageant une quantité terrible de substances nocives, que les clôtures de l’établissement, aussi hautes soient-elles, n’arrêteront pas. Ces décharges sauvages resteront à mon avis totalement hors du contrôle des autorités locales tant que les terrains en question ne seront pas clos et gardés. (lien vers le film de l’APE)
Le dernier défaut, et non des moindres mais qui impacte les gens de façon inégale, est l’éloignement extrême du Lycée par rapport aux différents centres d’activité de la ville. Le site du Lycée se situe au confins de la zone industrielle de Long Binh, à 45 minutes au mieux de l’ancienne école primaire, 1h15 de la ‘nouvelle ville’ du district 7 où est établi par exemple l’hôpital ‘Franco Viet’. Seuls les expatriés retirés à Anh Phu (Q2 – situé à 25 minutes) semblent plutôt satisfaits de son emplacement: cette autoroute fait déjà partie de leur quotidien. Plus grave encore : personne ne semble aujourd’hui capable de confirmer qu’un ramassage scolaire sera mis en place, car personne ne veut ou peut prendre la responsabilité de transporter des enfants sur une route aussi dangereuse. Va-t-on laisser les parents se débrouiller seuls ? Voiture + chauffeur seront-ils le ticket d’entrée obligatoire de l’École Française de HCM ville ?
Festival en demi-teinte, donc. Un bel établissement au milieu d’un champs de déchets, avec toutes les contraintes de l’éloignement: transports longs, coûteux et dangereux synonymes de moins de flexibilité dans la vie scolaire et familiale, environnement pollué pour les enfants de la maternelle au lycée.
Alors Rose, tu as aimé la nouvelle école ? Oui j’adooore, vivement la rentrée !
Tous ces commentaires font un peu froid dans le dos…je suis contente d’echapper a ces questionnements pendant encore une annee scolaire (en laissant mes nains la ou ils sont jusqu’a la fin de la maternelle grande section)
La cacophonie continue avec l’introduction récente du concept éculé de « bouclier humain » pour faire changer la situation environnementale de la zone : il suffirait de faire rentrer les enfants dans le nouvel établissement pour que les autorités locales prennent des mesures envers les briqueteries et décharges. Par ailleurs on nous rappelle, à juste titre, que si nous voulions offrir un environnement préservé à nos enfants, nous n’avions pas à venir au Vietnam. Vaste débat… pour rien puisque de toute façon il n’y a pas matière à débat: l’école est construite et bientôt fonctionnelle. Les parents sont maintenant sommés de se ranger en silence et de monter en classe, c’est à dire d’inscrire leurs enfants sous peine de radiation – sans avoir reçu la confirmation officielle d’ouverture de la dite école ni savoir combien vont coûter transports et demi-pension. Bravo la com !
On commence tout juste à en entendre parler en métropole!
(revue de presse radio de ce matin)
« Le Canard Enchaîné » – mercredi 5 mai 2010 ( p.5)
Hô Chi Minh-Ville à l’école de la vraie vie.
Certes, le champ où l’on fusille les condamnés à mort est à dix mètres, le cimetière des exécutés est juste à côté et les fenêtres de la nouvelle école française d’Hô Chi Minh-Ville donnent sur une décharge d’ordures fumantes, mais enfin, comme vient de l’écrire le consul général de France du Vietnam aux « chers parents » indignés, » l’heure n’est plus aux palabres et aux polémiques ».
Il faut décider maintenant d’inscrire ou pas les gamins dans ce lycée tout neuf. Le consul veut bien le reconnaître: « Beaucoup de critiques sont justifiées », mais chacun » apprécie différemment selon sa propre sensibilité la gravité respective des nuisances ».
D’ailleurs, il y a des parents que ce décor ne gêne pas du tout.
C’est qu’il y a du bon là-dedans. Réfléchissez. Une vraie mise à mort vaut bien n’importe quel cours d’histoire gnangnan. Et, avec la décharge sous le nez, les élèves en apprendront bien plus qu’avec un docu barbant signé Hulot. Alors, comme dit le consul: » Bonnes vacances,chers parents ! Qu’elles soient, pour vous, propices à une saine réflexion. »
C’est vrai, quoi, ça suffit tous ces chichis !