My Lid-In Le Blog

Pensées, images et fonds de tiroirs

Raymond D. et moi

J’ai pris conscience de Raymond D. l’hiver 2000 / 2001, à Oulan-Bator. J’avais certainement déjà entendu parler de lui auparavant, vu ses images, mais l’association œuvre-personnage s’est faite en visionnant le coffret de documentaires édité par Arte regroupant certains de ses documentaires passés (Dix minutes de silence pour John Lennon, Urgences, New York, N.Y., etc.).
Ce fut un choc : Le documentaire nu, sans verbiages, qui laisse de l’air à l’action et à l’esthétisme du réel.
Mon documentaire a d’ailleurs certainement été indirectement inspiré par cette approche. Dans l’élan tout du moins, car jamais je n’ai songé consciemment aux documentaires de Depardon pendant la réalisation de mon propre film.
Depuis, R.D. me suis comme mon ombre. Ou plutôt me précède dans mes idées, les mets en œuvre avant moi comme si il avait su. Sauf que je ne suis ni photographe ni cinéaste et surtout pas dédié à ces arts. Mais toujours je le surprends à devancer mes intuitions et mes idées. La dernière fois c’était pas plus tard que samedi en découvrant à la Fnac son dernier livre, La France de Raymond Depardon, Seuil, Paris, 2010. Le photographe a sillonné la France à la recherche de son authenticité esthétique, là au coin du carrefour comme l’ont fait les photographes américains des années 70. Cadrages et points de vue sans artifice, grand format oblige. Couleurs profondes et saturées. Et surtout un systématisme vertigineux pour une collecte tellement hétéroclite.
Cette façon de s’approprier mes idées et son omniprésence sont énervantes, mais il faut avouer qu’il a du talent, le bougre. Alors je m’incline, je remballe ma jalousie et je guette du coin de l’œil mon 6×6.

4 Comments on “Raymond D. et moi”

  1. En lisant le début du 1er paragraphe, j’ai d’abord pensé que tu faisais référence à un certain entraîneur de foot, qui semble déchainer des passions en Phap Land.
    Quant à l’autre Raymond D., le tien, je ne connais que deux de ses travaux mais je suis d’accord que son regard est passionnant…
    A quand un documentaire de toi sur Nantes ou Saigon? 🙂

  2. +1 pour l’envie de voir un autre docu de toi.
    (J’ai re regardé celui des trois frontières récemment (après avoir vu le film-docu d’ A.Chabat « bébés » dont tu as peut-être entendu parler, et dont une partie se déroule dans ton ancien pays d’accueil )
    Oui j’ai encore ton œuvre. (j’aime de plus en plus les arts photos et photos qui bougent: la semaine prochaine je devrais même faire un saut à un festival international (même si majoritairement français) de films courst à coté de chez moi.. je ne sais pas ce qui m’arrive! )

  3. Fouiné à la BM et déniché « La terre des paysans » du même Depardon, sorti en 2008 avec bcp de noir et blanc… devrait te plaire…

  4. Merci Colette pour le dernier album photos de Raymond D. Le regard qu’il porte sur la France est lucide, si différent du regard qu’on aime lui porter.