La communauté du moulin
Tout commence par 2 BD ramenées par Elsa de la bibliothèque du Cellier, les deux tomes de La Communauté de Hervé Tanquerelle et Yann Benoît.
Première lecture méfiante, encore un récit sur une expérience soixante-huitarde ? Après quelques planches, je continue la lecture, attiré par l’approche intelligente de la narration, motivé par le fait que la communauté soit implantée en région Nantaise (et pas dans le Larzac) et intrigué par ce concept de communauté poussé à ses limites : salaire unique pour tous les membres de la communauté, biens partagés (la gestion du parc de voitures, quelle histoire !), non assignation des tâches (malgré la lente spécialisation du commercial), lecture en public des courriers adressés à la communauté, magasin centralisé pour la nourriture (on peut imaginer les tensions qui y sont liées), etc. Et l’effort perdure assez pour faire naître un petit bébé assez inattendu de cette aventure : une fabrique, puis une entreprise et finalement une marque !
Loin des éleveurs de chèvres avec un projet d’autarcie ou de retour à la nature, nos gaillards deviennent de véritables industriels mais le projet initial s’essouffle : la communauté capote doucement car les instincts individualistes mettent à mal les concepts fondateurs de la communauté, les biens sont privatisés, le moulin brûle et les machines avec, mais la marque reste et 40 ans après, distribuée dans 30 pays !
Le livre reste flou sur deux choses : le nom de la marque qui a subsisté à cette aventure et le localisation exacte du moulin.
En apprenant que la marque avait subsisté et qu’elle était devenue fameuse, nous avions l’intuition, à travers l’histoire de la voiture bois mousse, qu’il pouvait s’agir de la marque Moulin Roty, fameuse pour ses doudous cotonneux et mignons.
Quant à la localisation, nous n’avions pas cherché réellement mais, en explorant la rive Sud de la Loire, lorsque nous sommes tombés sur un ancien moulin et ses bâtiments transformés en habitation, non loin d’un hameau nommé ‘La Communauté’, nous avons pensé avoir dégoté le lieu de cette aventure ! Une recherche sur internet a démenti cette hypothèse : La minoterie du Moulin Roty est située sur la commune de Saffré, au Nord de Nantes. Et la nouvelle usine Moulin Roty est implantée à Nord Sur Erdre, à 15 kilomètres de chez nous !
Les aigris (voir le commentaire ci-dessous) pourront dire que l’expérience initiale a échoué et ils auront raison puisque le fruit de cette communauté est aujourd’hui une entreprise normale, avec ses contraintes de production, de performance et de marché. Laissons-les dire et souvenons-nous que la réussite d’une marque, c’est la délicate rencontre entre l’énergie des hommes et leur époque.
L’auteur de la BD, Hervé Tanquerelle, a aussi dessiné Les Faux Visages, sur un scénario de David B, et plein d’autres choses à découvrir sur son blog (dont Professeur Bell, scénario de Sfar)…
Le site officiel de la marque Moulin Roty, qui fait indirectement référence aux BD évoquée dans mon billet ici (de la même manière, la BD n’évoque pas la marque, certainement un problème de droits des deux côtés).
L’histoire de Moulin Roty vue du côté des consommateurs, dans Je ne sais quoi Déco, ou du côté des entrepreneurs, dans Chef d’Entreprise.com, article commenté par un seul lecteur :
ode0601 – 07/01/2009
retour au système….
Si le passé est renié parce que ce qui intéresse désormais c’est faire du CA. La vie en communauté n’est plus un état d’esprit mais un argumentaire marketing pour bobos nostalgiques.
Mai 68 voulait refaire le monde, on voit finalement que les soixante-huitards sont autant attachés à leur portefeuille que le reste des gens, l’hypocrisie en plus.
Très sympa cet article sur Moulin Roty dont je suis fan comme tu le sais!!!
Je vais essayer de mettre la main sur les BD en question.