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Pensées, images et fonds de tiroirs

Automnale

Au jour le jour

Seconde ‘automnale’ dans les Cévennes. Pour mémoire, l’an dernier nous avions eu un sale temps de pluie sur 80% de notre séjour. Cette année, tendance inverse : nous avons passé quelques jours fabuleux, profitant de chaque rayon de soleil dans l’air piquant, dans ce flanc de montagne façonné par les terrasses multi-centenaires. Mais, les derniers jours, le temps a tourné et s’est transformé en véritable déluge (fameux épisode cévenole). Là encore, les murs en pierre sèche font le boulot, en ne retenant pas l’eau mais en la freinant simplement dans sa dégringolade le long de la montagne. Tous les fossés et les cascades reprennent vie, chaque creux de montagne se chargent d’eau. Cela pourrait être poétique si la bergerie n’était pas tant exposée, là-haut sur la montagne : on ressent chaque bourrasque de pluie et de vent et la flotte semble vouloir rentrer par tous les interstices. Ce sera d’ailleurs le cas et on terminera la nuit avec une casserole à 20 cm de nos oreillers (à vider plusieurs fois par nuit). Et ce n’est pas le toit qui fuit, mais la façade exposée à l’Est qui absorbe l’eau comme une éponge (mais ne la conserve pas, avantage des murs en pierre sèche).

Le chantier de cette année nous dégage un angle de vue plus important sur la vallée

Comme d’habitude, nos meilleures amies là-haut, sont nos deux tronçonneuses, qui nous permettent de tenir la végétation en respect. Mais soyons honnêtes, c’est un combat perdu d’avance pour nous : il suffirait de ne pas venir quelques années pour que la maison s’enfonce dans les genêts, les chênes verts, les ronces, telle le château de la belle au bois dormant. La nouvelle machine acquise en juin dernier, plus puissante, nous permet de faire tomber de grosses sections sans peiner et sans risque : le chêne vert est redoutable de dureté et mettait à rude épreuve la chaine et le graissage de l’ancienne machine, moins puissante.

Le passage le long de l’enclos, sur le 16ème bancèl

Avec Aglaé, nous avons fait le tour de l’enclos et compté les bancèls : 15 bancèls cultivés, 3 ou 4 demi-bancèls et le dernier bancèl qui sert de passage au bas de le l’enclos. Nous avons terminé de nettoyer la descente Nord (la fameuse Fellini Strasse) pour déboucher sur le fameux 16eme bancèl, et ‘ouvert’ le passage dans celui-ci, pour atteindre – par le bas – l’extrémité Sud de l’enclos et les bancèls de châtaigniers.

Les bancèls des chataigners

On peut dire qu’on avance peu à peu dans le lieu, comme les explorateurs d’Angkor Vat. En faisant le tour des murs, on y recense les dommages : passages dans l’enclos, murs effondrés ou fragilisés dans le bas, pierre sommitales basculées à l’étage du dessous. On identifie les travaux les plus urgents : recaler le bas d’un mur est plus efficace que s’attaquer à un chantier où il faut remonter un mur effondré. Remettre en place une pierre sommitale, ce qui s’avère assez sportif car elles pèsent souvent plus de 50 kg, est ultra efficace : sans cette pierre la section du mur est très fragilisée et tôt ou tard, l’eau ou les sangliers ouvriront la brèche et le mur s’effondrera de toute sa hauteur, en ‘V’ sur une largeur de deux mètres au sommet.

La veille de notre départ, nous avons entamé avec Elsa la réfection d’une brèche dans le mur d’enceinte Nord, au niveau de la jonction entre les bancèls 3 et 4; assez gros chantier, mené par un sale temps de pluie. Un grosse pierre (50cm de diamètre) en quartz stabilisait le mur (et abritait un joli petit crapaud noir aux yeux rouges), effondré en amont en ouvrant un passage visiblement emprunté par les sangliers. Au même niveau, la jonction entre deux bancèls, aussi effondrée. Et l’enceinte en aval rognée dans ses fondations. Donc un triple chantier. On attaque le chantier sous la pluie froide, on arrête le jour tombant, après avoir consolidé les fondations et remonté le mur à 70%, sans pour autant le bloquer. Dommage car la nuit suivante, la tempête nous a fait peur et nous avons quitté les lieux un peu trop rapidement le lendemain (quand tu as une rivière qui passe sous la maison en ruisselant du rocher….), laissant derrière nous un mur non bloqué sur un sentier à sanglier… Autant dire que je m’attends à reprendre le boulot à zéro à notre retour, dans 6 mois ou plus !

vue nocturne

3 Comments on “Automnale”

  1. C’est chouette ces bancels qui s’éclaircissent! Les arbres grandissent, grossissent…
    Il y a une quarantaine d’années « j’allais au terrain » pour châtaigner. Il fallait déjà ramper. Le manque de troupeaux et d’entretien se faisait déjà sentir. Par la suite, nous y allions aussi pour les champignons, pour faire du bois, écobuer. A l’époque, il n’y avait pas encore ces meutes de sangliers.
    Ces sangliers, qui friands d’œufs de fourmis, font basculer les grandes pierres de couverture des murettes (chapeaux). Quant aux brèches d’effondrement (passadou) elles se sont multipliées.Les pluies torrentielles s’y engouffrent, les sangliers aussi …La nature prend le dessus. Mais quelle chance de pouvoir s’y frotter!

    • Merci pour le commentaire Yvette, on se demande souvent à quoi ça ressemblait il y a quarante ans !
      Il faut de moins en moins ramper, surtout sur les dix premiers bancels (en partant du haut). Nous avons progressivement reconstruit une bonne dizaine de ‘passadous’. Nous espérons ‘fermer’ l’enclos pour mieux protéger les murs (et les champignons) !

  2. Une précision concernant « aller au terrain », c’était les seules terres qui nous appartenaient réellement, elles nous avaient été vendues par Moïse Bordarier avec la maison de Thonas. Sur ces 4 ha, se trouvait la Bergerie 😊

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