On m’avait dit que Phu Quoc offrait les plus belles plages du Vietnam et que l’île était admirablement préservée. Je ne suis personnellement pas très attiré par les plages de sable fin et les eaux couleur lagon, en tous cas je ne suis pas de ceux qui cassent leur tirelire pour parcourir 10000 km pour ce type de décors. Par ailleurs, j’avais un peu de mal à me représenter une nature préservée dans le contexte vietnamien. Mais l’occasion de quitter la touffeur de la ville était trop belle et nous avons passé quelques jours sur l’île dans un couteux camping de bungalow (on appelle ça ‘resort’, terme qui couvre toutes sortes d’agencements hôteliers).
Contre toute attente et pour notre plus grand plaisir, nous avons été de suite confrontés à l’aspect préservé de l’île. En effet, le taxi était à peine sorti de l’aéroport qu’il s’engageait sur une piste cahoteuse de terre rouge. Dénaturés par notre long séjour en ville, nous pensions à un détournement dû à un chantier de travaux publics. Mais très vite nous avons compris qu’aucune route goudronnée ne menait à notre lieu de villégiature. Le taxi ne tarde pas à s’embourber sur une route secondaire. Devant l’hésitation du chauffeur à aller plus loin et compatissants devant ses maladresses , nous décidons de continuer à pied. Nous enlevons nos chaussures de ville – ultimes reliquats de notre lieu de provenance – mettons nos valises sur le dos et parcourons les derniers 500 mètres de piste qui nous mène au resort, soulagés de nous extirper du taxi. La boue de la piste est rouge et chaude, l’air est humide mais pas poisseux comme en ville, au contraire chargé des odeurs délicates de la forêt. Cette marche marque le contraste d’avec notre précédente expérience à la mer.
La plage, les bungalow et leurs tenanciers Việts Kiềus ont tous tenus leurs promesses à leurs façons. Ce sera l’objet d’un nouveau billet. Focalisons nous sur la nature préservée, c’est si rare ici. (Je n’ose pourtant pas aborder l’antagonisme perturbant du touriste qui se plaint de voir trop de touristes et se lamente des dégâts du tourisme sur la région visitée.)
Nous avons profité une journée du trio plage + bungalow + tenancier, certainement encore abasourdi par le voyage et le contraste, pour enfin nous décider à aller voir un peu plus loin, le lendemain. A noter que ce genre d’initiative vient la plupart du temps d’Elsa car pour ma part je me serais bien contenté de flemmarder dans un hamac. Mais Elsa est une aventurière née et moi un pragmatique, c’est la combinaison des deux qui nous rend si performants.
Nous voilà donc embarqués sur un canoë de location, direction un ilot repéré au loin, avec pour tout équipement une trousse de survie, une grande réserve d’eau, de l’argent et un téléphone portable, de la crème solaire, deux masques de plongée (dont un sans verres , on le découvrira par la suite) et leurs tubas. (clin d’œil complice à tous ces vacanciers dont les activités nautiques se transforment en cauchemar – cf le canot pneumatique emporté au large, etc.). Nous avions aussi la carte touristique de l’île, qui nous permettait tout juste d’évaluer la distance parcourue. Elsa avait décidé de plonger et pensait le faire depuis le bateau. Mon côté pragmatique – propulsé par mon expérience de ce genre d’embarcation – a réussi à l’en dissuader et c’est tant mieux. Après une bonne heure d’effort, nous décidons d’aborder une plage qui semble déserte, bordée immédiatement par une forêt très dense et surmontée d’une colline aux arbres gigantesques. Les essences d’arbres, de buissons et de plantes y foisonnent, les verts sont éclatants malgré la lumière écrasante du milieu de journée. La transparence de l’eau nous permet de localiser les fonds sablonneux (eaux turquoises de carte postale) et le fond rocheux (eaux sombres bretonnes). Elsa plonge entre les rochers, mue par son instinct légendaire et remonte après quelques minutes, le pouce levé – il ne manquait que le bonnet rouge. Oui, nous étions tombés sur un site de coraux fabuleux. A vue d’œil, des dizaines de types de coraux, anémones, mollusques et poissons. Un festival de couleurs et de formes, à moins de 2 mètres de profondeur. Il suffisait de mettre la tête sous l’eau pour vaincre la diffraction et ces fabuleux fonds marins se révélaient à nos yeux. Nous avons plongé successivement – un seul masque oblige – conscients du caractère unique et fragile de notre ‘découverte’. Plus tard, nous avons quitté cette plage paradisiaque, regrettant de ne pas avoir pu partager ces instants avec Rose et Alexandre restés prisonniers du resort. Le voyage du retour a été beaucoup plus contraignant car pendant notre plongée le vent s’était levé et creusait des vagues – modeste mais pénibles en canoë – et nous déviait constamment de notre cap. Heureusement nous sommes costauds et nous n’avons finalement pas rejoint la liste des victimes d’accidents de loisirs.
Dans l’après midi nous avons entrepris d’apprendre à Rose à nager avec masque et tuba, ce qu’elle a assimilé assez vite avec un peu de persuasion. Comme il y avait des récifs en face de notre éco resort, nous pensions y trouver le même spectacle que sur notre premier site de plongée. Déception: les fonds y sont gris et ternes, parsemés de déchets en plastiques et de sacs de gravats. Ce qui ne présage rien de bon pour notre joli site, à proximité d’un projet d’aménagement colossal.
moi j’ai aimé Phu Quoc, même si je n’ai pas vu de coraux et que les pistes de terre rouge contraste avec les autres routes à nid de poules du VN…
hâte de lire un second billet sur cette île et vous.
Oui, on a aussi beaucoup aimé. Mais aussi aussi vu ce qu’ils voulaient en faire… prochain sujet !
M’enfin, jeunes inconscients, est- qu’on oublie sciemment son portable?!!!!!!!!!!!!!
Belle robinsonnade, j’ai même eu l’impression de me trouver sur l’île encore préservée.
Correction : est-ce qu’on oublie sciemment…. Quant à Rose, avec le masque, elle me fait penser à un p’tit oiseau triste, sorti tout droit dún film d’animation. Ma bichette!
Tu as raison Yvette, c’est ridicule cette histoire de téléphone portable. Et pourtant, la seule occasion où ce gadget peut s’avérer utile, c’est en cas de danger: par exemple si on ne peut pas ramener le bateau sur la côte, ou si Elsa se fait attaquer et blesser par un poisson lubrique.
L’allusion à une attaque de poisson lubrique n’est pas fortuite… Je me suis fait attaquer par un poisson oblong lorsqu’on est retournés plonger, tous les 4, sur un autre site !!! Ce poisson agressif m’a d’abord piqué les mollets pour me faire dégager avant de s’attaquer à ma poitrine !!! Quelle panique…
Papa est arrivé avec un grand bâton, Grégory s’est taillé la pied sur un rocher en tentant de me sauver, seule Rose rêvait au loin avec son grand masque et son tuba.
Le prochain film d’animation pourrait en effet être Rose en oiseau, rêveur plutôt…
C’est comme si on y était… merci de nous faire partager ces moments palpitants.
URGA TOURS me donne terriblement envie de retourner en Mongolie!