L’expédition à Vũng Tàu

Comment quitter Saigon pour prendre l’air après une semaine de pollution, sans prendre l’avion ni passer plus de 5 heures dans un bus ? La ville portuaire et balnéaire de Vũng Tàu semblait répondre à cette attente, car accessible en seulement 1 heure 30 de bateau depuis le centre de Saigon. Nous nous sommes donc levés à l’aube samedi dernier pour tenter un week-end à Vũng Tàu ! Ce fut une expérience pas tout à fait décevante, quelques moments ont d’ailleurs été fort sympathiques, mais il faut faire certaines concessions sur l’image d’un week-end tranquille à la plage pour apprécier cet endroit:
– les bateaux rapides sont de vieux hydrofoils rafistolés: la chambre de décompression des gaz d’échappements semble être directement reliée à la cabine passagers. C’est vérifiable par la terrible odeur de gaz d’échappement et de fuel qui y règne. D’autres histoires courent, que ces bateaux tomberaient parfois en panne en pleine mer et attendraient le dépannage des heures durant. Nous n’avons pas eu la chance de vivre cette expérience.
– La ville de Vũng Tàu doit son essor aux ressources pétrolières qui gisent à son large. On peut donc observer les plateformes et pétroliers depuis la jetée. Une bonne occasion pour expliquer à Rose comment et avec quoi les motos et voitures roulent. Les nuisances sont pourtant moins perceptibles (à première vue) qu’à Mu Nie où la production de Ngoc Mam est accompagnée d’une odeur tenace qui vous accompagne partout.
– Les cargos qui convergent vers le delta du Mécong passent aussi au large de Vũng Tàu.
– La côte a été aménagée d’une route toute neuve à 4 voies, heureusement fort peu fréquentée, bordée d’un vrai trottoir assimilable à une promenade. Ces trottoirs sont fabriqués de granit poli à l’image des escaliers de notre maison, signe de luxe mais très casse gueule.

La promenade

– La plage côté port est jonchée de détritus et les rochers sont barbouillés de cambouis. Cela n’empêche pas la pêche aux crustacés semble-t-il.
– Comme partout au Vietnam, la plage est déserte lorsque le soleil tape. Les gens se terrent dans leur chambre d’hôtel ou dans les restaurants. D’où une fausse impression de lieu désert en pleine journée.
– Très tôt le matin et en fin de journée, des hordes de gens sortent de leurs cachettes et envahissent les plages et la promenade. Ce sont les familles de la nouvelle classe moyenne venus en Toyota Innova (9 places) (mais aussi gros 4×4 pour les plus riches), ou des jeunes gens en bande venus en mini bus Hyundai. Ils viennent ici comme nous pour prendre le frais et se baigner. Manger du poisson et des fruits de mer arrosé de beaucoup de bière, du matin au soir, fait aussi parti du rituel.
– Des resorts ‘rococo grand luxe’ (avec angelots en plâtre) pour les nouveaux riches asiatiques, et ‘néo-colonial-tropical’ (huttes avec AC) pour les étrangers ont vu le jour aux deux caps de la côte.
– Nouvelle confirmation que le Guide du Routard est parfaitement incompétent dans ce pays: les 2 hôtels indiqués étaient ou inexistants, ou offraient des prestations lamentables pour le prix. (message aux concernés: une mise à jour tous les 3 mois est indispensable dans ce pays !!!)

5 minutes avant la pluie

Comme nous avions vraiment besoin de nous aérer et de bouger, nous avons longé les deux plages à pied en arrivant du port, sous le soleil, ce qui ne se fait pas aux yeux des locaux: il a fallu se débarrasser de la nuée de taxi et xe om qui croyaient nous appâter par leurs coups de klaxon. Ayant momentanément renoncé à trouver un hôtel, cédant aux suppliques de Rose qui depuis qu’elle avait vu la mer ne pensait qu’à s’y jeter, nous nous sommes posés sur une plage aménagée (50k le parasol et les 2 transats). Nous n’avions pas profité 10 minutes du parasol que la pluie est arrivée, s’annonçant par de gros nuages noirs grossissant à vue d’œil. Le temps de s’abriter pour assister à une heure d’un déluge typique.

La pluie n’a pas cessé, le temps c’est définitivement rafraichi. Nous avons trouvé un hôtel tant bien que mal, près du cap. J’ai bien aimé cette chambre pour l’horizon qu’elle donnait sur la mer grise et la masse sombre des cargos qui se croisaient à l’horizon. Nous avons regardé le jour se terminer depuis notre observatoire, en nous croyant à Valparaiso.