Corpo Jali

Il a trop eu peur que j’utilise cette photo pour le site de l’entreprise. C’est Thomas, alias Jali, tout premier stagiaire français chez nous, épatant gaillard qui s’est adapté au pays, à cette ville, à l’entreprise et à la bouffe sans broncher et en un temps record – à part une gastro chopée chez Fanny, le glacier bien du Q1.

Quand mon administratrice a voulu faire rentrer un stagiaire d’école de commerce avec une première expérience dans l’hôtellerie, j’ai froncé les sourcils. J’imaginais la désillusion du gars en costume cravate débarquant dans notre quartier usé du fond du Q10, abimant ses mocassins sur les bas cotés mal bétonnés,…
Comme je suis un gars ouvert à tout. Comme je m’efforce d’être ouvert à tout, j’ai accepté et on verra bien. Je me suis inquiété de n’avoir aucune nouvelle du nouveau stagiaire la semaine avant son arrivée prévue. Pas besoin d’aider pour trouver un logement, pour localiser la boite, pour se déplacer en ville ??? C’est louche, on verra pas le bout de son nez, au brave stagiaire. Quelle méprise les amis. Le 1er jour de son stage, Thomas est arrivé en avance, certainement avant l’ouverture des bureaux. Il avait repéré l’endroit la veille, chronométré le parcours, rodé sa moto, étudié les itinéraires bis pour y arriver, trouvé les emplacements des mécanos en cas de crevaison, et identifié la vendeuse de café da la plus proche de l’immeuble.
Bon évidemment, derrière cette terrible organisation, il y avait un réseau viet, celui de son amie Julie, qui semble prendre racine dans toutes les villes du Vietnam et étendre ses tentacules jusque dans les pays les plus improbables d’Europe et des Amériques. Typique.
C’est pas tout évidemment, Thomas est un type charismatique mais discret, avec un regard intelligent et drôle sur les choses.
Au delà du boulot, avoir un type comme ça dans la barque quelques mois était bien agréable, pour partager (dans la rigolade mais pas toujours) ces situations indescriptibles auxquelles je fais face dans mon job. Thomas a pu confirmer que je suis pas fou, les gens avec qui je bosse sont étranges. Enfin non, la réalité est que parmi eux, nous sommes étrangers. C’est de cette vision d’étranger dont on a pu rire.